Une rivière et des hommes : l'ecole

De Lucien ESTRADE
& Claude L. FRADKIN
224 pages

L’Ecole, comme toutes les petites rivières de pays tempéré, a été intimement mêlée à la vie des hommes, car, comme les hommes, comme les bêtes, elle a travaillé, elle a fourni l’énergie à la quinzaine de moulins qui étaient installés sur son cours, elle a donné ses poissons, elle a fertilisé les pâturages, elle a roui le chanvre, elle a rincé le linge, elle a abreuvé et délassé les chevaux après le labour…

Et maintenant, après tant de services, un calme apparent cache une situation inquiétante : tous les petits cours d’eau s’assèchent, raccourcissent et les souvenirs s’effacent. Toute une nature et toute une vie passent à l’arrière plan de nos pensées, se transforment, se décomposent sans trop perturber les gens affairés que nous sommes. Entre l’espèce de caniveau d'eau croupie qu’est devenue une source jaillissante et les vagues souvenirs de l'« ancien temps » qui flottent au fond de nos mémoires, il y a une parenté certaine et comme une urgence. Peut-on oublier impunément ? Doit-on rompre avec toutes ces choses sous prétexte que les techniques ont évolué ?

Emues par cet oubli, deux personnes issues d’horizons différents se sont rencontrées sur ce sujet :
 Lucien Estrade, fils d’un allumeur de réverbères, venu à Milly exercer le métier de vannier avec son frère, ancien carrier de grès et maçon, s'essayant par curiosité à la tonnellerie, viscéralement attaché aux savoir-faire des anciens métiers et aux humbles constructions du passé, pratiquant par passion une ethnologie vivante…
 Claude Loiselet-Fradkin, férue d’histoire et proche de la nature, pour qui la préservation de tout ce patrimoine n’est pas le fait d’une vaine nostalgie…

Ils ont imaginé que le nom de leur rivière puisse servir de symbole : Ecole… mettons-nous à l’école de cet humble cours d’eau, cessons de le tenir dans un mépris qui ne lui sied pas. L’Ecole est importante, car elle peut représenter toutes les petites rivières qui lui ressemblent… N’oublions pas que dans la nature toutes les eaux sont solidaires. Et s’il en était de même de l’humain ?